DIGITAL HEALTH CONNECT. L’économicité dans le domaine des soins passe par davantage de technologie.
D’ici 2020, il y aura plus de 250 millions d’assistants numériques à travers le monde. Chef de produits auprès de Google Suisse, Yariv Adan prédit la fin du téléphone portable au profit de l’internet des objets. «Nous sommes face à la troisième révolution technologique, celle de l’intelligence artificielle», a déclaré l’informaticien, vendredi passé. Le spécialiste était invité à donner son point de vue à l’occasion de la journée de la santé numérique organisée, à Sierre, par la fondation pour l’innovation en Valais, The Ark, et le réseau national, Swiss Digital Health. «Internet a permis de connecter des centaines de milliers de services, y compris dans la santé. Cela a changé la vie des consommateurs. Il y a dix ans, l’ordinateur s’est miniaturisé, grâce au téléphone portable. Avec la troisième révolution, nous pouvons désormais interagir avec les machines.» Et d’illustrer son propos en dialoguant avec l’assistant numérique qu’il développe, avec son équipe, à Zurich. Plus de deux milliards de personnes utilisent les technologies digitales pour effectuer des actions basiques, comme acheter un billet d’avion ou réserver un hôtel. Aujourd’hui, les machines sont capables d’analyser une image, de comprendre le contexte d’une discussion et de répondre à des questions complexes. Aux yeux d’Yariv Adan, cela ouvre de nouvelles perspectives. «Avec ces outils, il n’y a plus de barrières qu’elles soient linguistiques, culturelles ou sociales. Cela va changer la manière dont les gens vont surveiller leur santé», pronostique-til.
Eviter les hospitalisations inutiles
Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), la technologie permet d’assurer un meilleur suivi des malades. «Nous avons, par exemple, mis sur pied une application sur l’adhérence du patient à son traitement, une autre sur les douleurs chroniques et une troisième qui améliore le parcours des individus lorsqu’ils consultent aux urgences», précise Frédéric Ehrler qui coordonne le développement technologique du site. Pour lui, l’objectif de la numérisation reste de rendre le patient moins dépendant du système de santé et ainsi l’inciter à consommer moins.
La start-up lausannoise, Domosafety, poursuit le même but. «Nous voulons éviter les hospitalisations inutiles et maintenir les personnes âgées le plus longtemps possible à domicile», explique Guillaume Dupasquier, cofondateur et directeur opérationnel de la jeune entreprise. Créée en 2012, sa société permet, via des capteurs et des logiciels, de sécuriser le lieu de vie des aînés. «Notre réponse face à la hausse des coûts de la santé est technologique», poursuit le COO. Un mois en EMS coûte, en moyenne, 9200 francs. Et pour une commune, la mise sur pied d’un lit dans un tel établissement représente un investissement de 150.000 francs. «Le système ne peut plus évoluer comme cela», s’indigne l’entrepreneur. Afin de diminuer les hospitalisations, les outils développés par la start-up permettent de détecter plusieurs signaux avant-coureurs de maladies liées à l’âge. Ils sont aussi capables d’analyser les mouvements d’une personne, un bon indicateur de chutes. Tout est placé dans l’appartement ou la maison de la personne âgée. Il faut compter entre 50 et 100 francs par mois pour utiliser ses services. Ces derniers ne sont pas pris en charge par l’assurancemaladie. Domosafety a déjà procédé à plus de mille installations. Elle est présente en Suisse et en France. «Nous visons l’Angleterre et l’Allemagne, l’année prochaine», indique le COO. Pour lui, la peur de se faire dépasser par la machine demeure encore très grande auprès du personnel soignant, même si les médecins de par leur formation technique sont plutôt ouverts à ces nouvelles technologies.
Yariv Adan abonde: «le plus grand défi sera d’avoir une plateforme simple pour les hôpitaux pour que cela soit utilisé de façon naturelle par les patients et les soignants». Il reste, par ailleurs, persuadé qu’à l’avenir, le support numérique n’aura plus besoin de l’aide d’un ordinateur. Aux yeux de Frédéric Ehrler, le patient devient toujours plus acteur de sa santé. «Du fait que l’on pousse toujours plus vers l’ambulatoire, son parcours devient de plus en plus transversal.» A cet effet, le dossier électronique du patient a son rôle à jouer. «Tout le monde doit, néanmoins, se mettre d’accord sur la manière de présenter les informations dans ce dossier.»
«Avec ces outils, il n’y a plus de barrières linguistiques, culturelles ou sociales.» Yariv Adan
Rédactrice: Maude Bonvin